Oh joie!! Il y a un centre de fabrication de papier washi dans la région de Tokushima; nous voilà donc parties pour l’Awagami factory, à Awa Yamakawa, où nous allons réaliser notre toute première feuille de washi. Nous sommes accueillies par Makita qui, heureusement pour nous, se débrouille très bien en anglais, quoi qu’elle en dise!
Elle nous explique que les fibres utilisées pour la fabrication du washi peuvent provenir de trois différents arbres: kozo, gampi et mitsumata. Ici nous utiliserons des fibres de gampi.
La première étape de fabrication d’une feuille de taille moyenne (à peu près un format A3) n’est pas très complexe. Tout d’abord, on incorpore à l’eau (outre les fibres végétales) de l’extrait de racine de Tororoaoi , appelé”neri”, qui sert de liant. Le neri est indispensable car il permet aux fibres de se répartir correctement dans l’eau et ainsi d’obtenir un papier de bonne qualité. Il faut bien mélanger la mixture. Lorsque vous pensez avoir suffisamment mélangé, recommencez!
Etape 2 ou la “suketa”, une espèce de tamis constitué de deux pièces: une grille supérieure et un cadre qui vient soutenir le tout.
On insère la suketa dans la mixture, de manière verticale, puis on la ressort, horizontalement cette fois-ci. C’est un peu comme aller chercher de l’or dans un ruisseau: vous secouez la suketa, l’eau s’en dégage et restent alors les fibres et le neri, qui en séchant vont devenir papier.
Avant d’aller plus loin, vous pouvez décider de faire briller votre papier de mille feux. C’est l’étape 3, dite “de décoration”. Munies d’emporte-pièce, de colorants et de fibres de Kozo, nous égayons notre petit papier, encore mouillé.
Après cette étape créative, on passe au “séchage”. Il faut “lâcher” délicatement la suketa à l’envers (avec le papier dessous, évidemment) sur un “évacuateur” d’eau afin de retirer le trop de liquide qui reste encore dans le papier. Trois passages au dessus de “l’aspirateur” d’eau sont nécessaires:
Puis la feuille seule est déposée et étalée sur un plaque de sèche qui contient de la vapeur d’eau à environ 60°C.
Une demie heure plus tard, normalement, vous pouvez repartir avec votre propre papier washi sous le bras!
Fortes de cette première expérience, nous avons hâte de pouvoir nous en inspirer en appliquant ces nouvelles techniques au projet, à savoir, encore et toujours, la création d’un papier comestible.
Nous revenons donc trois jours plus tard à l’Awagami factory avec des provisions…
Let’s go testing!!!
Nous commençons les tests avec tous les ingrédients en notre possession. Une fois de plus, nous inventons nos propres règles… Advienne que pourra! La rédaction de ce blog tient à préciser qu’elle ne pourra s’appesantir sur le sujet car les techniques et aliments utilisés ici sont classés secret-défense!
Trois heures de tests plus tard, nous venons à bout de nos réserves, et ne pouvons donc plus vraiment avancer . Ca tombe bien, c’est l’heure du déjeuner. Nous abandonnons notre production ( une dizaine de papiers de compositions différentes) et partons chez Angelie, où Yamamoto Yoichiro, le Mitch Bucannon de Tokushima, nous prépare le meilleur okonomiyaki (sorte de pizza japonaise) de toute notre vie (le deuxième seulement mais tellement bon!). “Yaki” veut dire grillé et “okonomi” signifie, à peu près, “comme on veut”. Tout est dit, le chef met tout ce qu’il veut dans notre déjeuner et il ne se moque pas de nous: crevettes, noix de St Jacques et autres fruits de mer, du boeuf et des légumes. Il faut la laisser griller quelques minutes sur la plaque, insérée dans la table et “y’a plus qu’à manger”!
De retour à la fabrique, nous nous inquiétons de la santé de nos petits papiers. Les tests ne sont pas vraiment concluants mais nous ouvrent tout de même de nouveaux horizons pour nos futures gammes.
Il y a encore du boulot mais ça avance, grâce, notamment, à la gentillesse et à l’accueil chaleureux des employés et du directeur de l’Awagami factory de Tokushima.
Nous avons d’ailleurs eu la chance et le privilège de pouvoir suivre pas à pas la fabrication d’une feuille de washi d’environ 4 mètres sur 2: un ballet digne des plus grands chorégraphes, on apprécie la technique et la synchronisation!
Maintenant, direction Kyoto et Echizen, pour découvrir le “trésor national”.
To be continued…